Vîs mèstîs

Aux siècles derniers, divers métiers ont marqué la vie du village :

Le seigneur : la richesse venant de la terre, les seigneurs étaient autrefois des laïcs ( comtes, barons, ... ) ou, comme à Richelle, des ecclésiastiques. Les paysans étaient fortement dépendants du seigneur, tant pour l'exploitation du sol que pour le paiement de diverses taxes et l'utilisation d'outils ( four, moulin, pressoir, ... ). Les frais de justice sont à charge des justiciables, et le seigneur s'en approprie environ un tiers.

Les manants : ce terme désigne non pas un métier mais tous les villageois résidant sur les terres de la seigneurerie. Les mauvaises récoltes et les guerres sont synonymes de famine régulières. Le fait de devenir fonctionnaire du seigneur ( mayeur, échevin, censier, ... ) permet pour certains de mieux vivre. A partir du 18e siècle, les cultures traditionnelles de blé, épeautre, avoine sont diversifiées grâce aux betteraves, navet, trèfle et luzerne.

Le mayeur est justicier sans être juge.  Il est le défenseur du droit et de la loi et protège les intérêts du seigneur contre les intrusions des voisins.

Les échevins ( juges ) sont choisis par le seigneur parmi les candidats honorables et propriétaires. Ils sont au nombre de sept par cour et sont nommés à vie. Les fils d'échevins ont un avantage dans la mesure où une transmission du savoir a été préalablement effectuée.

Le prélocuteur est une sorte d’avocat. Urbain Dodémont a assumé cette fonction au milieu du 17e siècle.

Le forestier ou sergent est un emploé subalterne qui remplit tant le rôle d'huissier que de garde-champêtre, fonctions qui le rendent souvent impopulaire. Il y en a un ou deux par cour.

Le voué est un métier relatif aux terres ecclésiastiques : en vertu du droit canon, le seigneur ecclésiastique ne peut exercer de sentences criminelles, rôle attribué au voué, ou avoué. Défenseur de cette immunité, il exerce un rôle lucrativement très envié. Un des voués fut une dame, Juetta, qui donna son titre à une des rues du village.

La fonction de bourgmestre apparait au 17e siècle comme élu par les habitants avec le droit d'agir et de représenter la communauté dans la gestion des patrimoines communs.

Le greffier est une personne élue à vie par le seigneur comme étant au courant de tout, et transmettant les informations entre les différents bourgmestres. Cette fonction mène régulièrement  à celle d'échevin. Les fonctions de greffier et échevin ont été autrefois cumulées par Urbain-Joseph Dodémont et Séverin Geury.

Le curé a la charge d'instruire les fidèles sur le plan religieux et de présider les différents actes du culte.

D'autres métiers peuvent sembler fort étonnants :

Les bonnetiers de Richelle étaient réputés au 18e siècle. Ainsi, en 1764, neuf travailleurs produisaient annuellement 22.000 paires de bas !

Le métier de cloutier ( claw tî, en wallon ) était en fait l'activité alternative de plusieurs villageois, pour leur offrir une rentrée d'argent, alors que le commerce se réalisait alors majoritairement avec le troc. Ils recevaient des barres de fer de Liège et utilisaient leur forge pour concevoir des clous. Ceux-ci étaient vendus aux marchands d'armes pour exportation.

En 1900, Richelle comptait tant de cafetiers qu'il n'y avait pas moins de 19 cafés!

A ce moment, Richelle comptait par ailleurs de nombreux armuriers, souvent spécialisés dans les canons de fusil. L’activité des armuriers régressera fortement en 1880, lors de la création à Herstal de la Fabrique Nationale, mais on en répertorie encore 90 en 1925 ! Les deux derniers ne se retirèrent qu’en 1955.